vendredi 3 mai 2013

Chapitre 5





     Il courait. Il voyait une flamme rouge devant lui. Elle s'intensifiait mais il ne comprenait pas le sens de ses paroles. Elle semblait chanter. Puis brusquement elle s'embrasa de plus belle. Il se mit à hurler.

Nabil se réveilla en sursaut, dans son lit, en sueur. Son cœur battait trop vite et il sentait ses muscles tendus à l'extrême. Cela lui fit mal, mais pas plus que la terreur qui l'habitait en ce moment. Si il y avait bien une chose qu'il détestait, c'était le feu. Depuis qu'il avait vu sa famille brûlée par la garde rouge, il n'avait plus jamais été le même. Il était resté seul avec son petit frère et ils avaient été obligés de mendier ou de voler dans la rue. Nabil avait toujours été plus indépendant que son petit frère, Diaedin. Il se rappelait à quel point cela l'agaçait quand le gamin venait s'accrocher à son pantalon parce qu'il était effrayé. En même temps, au moment où ils avaient été orphelins, Diaedin avait seulement cinq ou six ans. C'était encore un petit garçon. Nabil était également petit, mais il étais désormais le chef de famille. Il ne pouvait pas permettre de flancher. Il avait donc pris en main leur nouvelle vie, décidant des endroits où dormir et des endroits à éviter. Il avait également, pendant cinq ans, pris garde à ne pas laisser Diaedin tout seul dans un endroit qui n'était pas sûr et sécurisé. Il avait de trop nombreuses fois entendu les autres raconter les rafles de la garde rouge parmi les orphelins et c'était la dernière chose qu'il souhaitait pour son frère. Ce frère qui, en plus, semblait instable depuis la mort de leurs parents. Son comportement était violent et incontrôlable mais il passait également par des phases de pure gentillesse et de calme. Nabil ne s'inquiétait pas trop, lui même était passé par une phase de rébellion et d'envie de vengeance. En particuliers après l'enlèvement de Diaedin par la garde rouge. Il se rappellerait toujours les yeux exorbités de terreur de son petit frère mais également ce regard qui disait «fuis, c'est perdu pour moi». C'est avec un goût amer qu'il avait pris la tangente et s'était réfugié dans le coin le plus sombre et le plus sale qu'il avait pu trouver en attendant que les patrouilles s'en aillent. Elles faisaient en général une rafle par semaine, il serait donc tranquille au moins pendant quelques jours. Mais à quel prix ? Un impitoyable prix : la solitude mordante et le sentiment d'être un lâche pour la fin de ses jours.
Ces sentiments négatifs, Nabil avait cependant réussi à les canaliser et en faire une force. Lorsque les pirates l'avaient trouvé, il volait. Et il était plutôt doué pour ça. Un an avait passé depuis l'enlèvement de Diaedin et à treize ans, Nabil était déjà très habile pour n'importe quel type de larcin. Son erreur fut que sa victime était précisément la personne à qui il ne fallait pas essayer de voler des choses : le chef des pirates.
La première chose que Nabil avait retenu du capitaine Labruyère, c'était son énorme barbe noire, son sourire édenté, son bandeau noir et surtout sa formidable poigne quand il l'avait attrapé en train de voler. Il portait un lourd manteau de cuir noir, lui descendant jusqu'au chevilles et des bottes qu'il aimait à appeler – Nabil l'apprendrait plus tard – des bottes de mousquetaire. Nabil n'avait strictement aucune idée de pourquoi il appelait ces bottes de cette façon et d'ailleurs, il ignorait ce qu'était un mousquetaire. L'autre l'avait regardé de haut en bas, avait froncé les sourcils et avait dit d'un ton nonchalant alors qu'il lui broyait le poignet.
  • Etrac ?
  • Euh...ouai m'sieur, avait marmonné Nabil d'une voix mal assurée.
  • Allez on l'embarque, avait dit le grand homme en faisant un signe à ses collègues.
    Et sans autre forme de procès, Nabil s'était retrouvé embringué dans la piraterie.
    Il secoua la tête brusquement, ce n'était pas le tout de penser au passé, il fallait maintenant retourner sur le pont avant de se faire morigéner par l'un ou l'autre des seconds de Labruyère. Nabil était un garçon plutôt fin mais au corps finement musclé. Il avait hérité de ses ancêtre un délicate peau caramel et ses cheveux coupés court étaient d'un noir profond. D'ailleurs, il était un des rares hommes du sud qui était engagé dans la piraterie. Les autres, d'après le second Jenkins, préféraient manger des dattes et siroter de la bière dans leurs Oasis. Ça n'était pas l'avis de Nabil, mais il se gardait bien de le dire. Ses yeux étaient d'un bel onyx brillant et il lui était arrivé plusieurs fois – sans le vouloir – que des prostitués lui offre ses services gratuitement. A seulement quatorze ans, le jeune homme avait toutefois repoussé leurs invitations. Il n'était pas autant sûr de lui que ça et surtout, il avait été élevé dans l'idée que l'amour était un acte formidable à partager uniquement avec la personne qu'on aime. En s'habillant, il repensa au jour où il avait naïvement déclamé ceci devant les autres et à quel point l'humiliation et les rengaines de «tu connais rien aux choses de la vie» avaient été désagréables.
    Nabil avait un physique plutôt appréciateur mais comme le disait souvent son ami Léo, il n'en avait pas franchement conscience. Et quand Nabil y pensait, c'est vrai que la plupart du temps il restait dans son coin et ne cherchait pas spécialement à plaire, même si ce désir d'être remarqué émanait par tous les pores de sa peau. Il ne savait juste pas comment s'y prendre et il manquait cruellement de confiance en lui.
    Lorsqu'il arriva dans la cuisine, il n'y avait encore personne, mis à part Aramis, le cuisinier. Lorsque Nabil était arrivé sur le vaisseau, on lui avait présenté ce cuistot muet au sourire naïf mais qui préparait des plats excellents. Labruyère lui avait raconté que son nom était tiré d'un roman célèbre de l'ancien temps. Labruyère étant féru d'histoire ancienne, il avait décidé de baptiser son cuisiner Aramis parce que d'une part il n'avait pas de prénom avant qu'il lui en donne un et d'autre part parce que de toute les manières, c'était lui qui décidait sur ce vaisseaux. Le tout agrémenté de grossièretés plus recherchées les unes que les autres. 
  • Bien le bonjours messieurs !
  • Ah, salut, souffla Nabil, un sourire aux lèvres, en voyant son meilleur ami le rejoindre.
  • Je ne t'attendais pas si tôt...As tu chu de ta couche pour te retrouver ici en cette heure ?
  • Je ne m'habituerai jamais à ta façon de parler, t'en as conscience n'est ce pas ?
  • Pauvre ignare ! Grogna l'autre d'un ton princier.
  • Ouai, ouai allez redescend, c'est le matin là, s'amusa un autre pirate qui venait d'entrer dans la cuisine en riant. Bouffe comme tout le monde et tout ira bien dans le meilleur des mondes !
  • Je n'écouterai pas une minute de plus les grognements de cet olibrius, souffla le dit Léo en levant les yeux au ciel. 
     Il ne bougea cependant pas, restant assis près de Nabil, et se dépêcha de manger son petit déjeuner qui consistait en un bol de porridge. Léo venait des terres lointaine et qui plus est d'une famille très pauvre. Il avait acquis un incroyable vocabulaire mais cependant, il restait toujours adepte de la nourriture de son enfance. Il avait beaucoup de manières mais également un humour dévastateur, ce qui le rendait génial. C'était un garçon simple, qui s'habillait toujours de la même façon – il ne quittait jamais sa veste en toile kaki – mais qui mettait un point d'honneur à se hisser contre les injustices. Il avait des cheveux châtains et des yeux marrons, ce qui contrastait avec un peau laiteuse.
    Nabil l'avait toujours bien apprécié, malgré son langage qui pouvait être énervant à la longue. C'était le seul garçon de son âge et il se sentait à l'aise en sa compagnie. Léo ne parlait pas trop mais suffisamment et quand il le fallait. Il comprenait les moments de calme et c'était un érudit, écrivain et parlant plusieurs langue que Nabil ne connaissait même pas. Son truc à lui, c'était conduire.
    Très tôt, à son arrivée sur le bateau, on lui avait fait tester toutes sortes de choses pour voir en quoi il pourrait se rendre utile. La première fois que Nabil s'était assis dans un eyon, il avait su que c'était ça qu'il voulait faire. Les eyons était des véhicules volant, parce que rouler au sol avec la forêt était impossible. On ne pouvait pas faire de routes. Ils pouvaient contenir de deux à cinq-cent personnes et d'ailleurs, la dame du ciel, le vaisseau de Labruyère, était un eyon de catégorie A, le plus gros. Nabil, lui, s'était spécialisé dans la conduite d'eyons de catégorie E. Ils pouvaient contenir jusqu'à deux personnes et c'était les plus rapides. C'est ce qui lui plaisait : la vitesse, les figures, la sensation de voler, d'être libre. Labruyère l'avait donc tout de suite affecté à la classe des pilotes. Il allait en éclaireur la plupart du temps ou alors ils servaient à attaquer en première ligne. Être pilote était à la fois sensationnel parce que c'était un des rares postes qui permettait de quitter la dame du ciel mais c'était également très dangereux parce qu'ils étaient les premières lignes de défense. Entre autre, les premiers à tomber. 
  • Dis donc, c'est pas ce matin qu'on doit aller repérer vers le nid de craquolier ? Demanda Nabil à Léo.
  • Je n'en sais rien. J'ai ouïe dire qu'on allait en effet nous y envoyer mais j'ignore la raison de cette mission.
  • Je crois que ça a un rapport avec la fille qui a disparu.
  • Quelle demoiselle ?
  • Tu sais, il y a trois semaines.
  • Oh ! Tu veux parler de cette enfant suicidaire qui a quitté le centre de formation de la garde rouge d'Iryanthera pour aller se terrer dans la forêt comme un moineau menacé ?
  • Je ne pense pas que ce soit comme ça qu'on...
  • Eh les gars !!! coupa un pirate en entrant en trombe dans la cuisine qui était à présent remplie. Regardez ce que Tok a trouvé dans la base de donné du centre de formation qui a perdu la fille ! 
    Le perturbateur posa l'ordinateur juste devant Nabil, ce qui irrita prodigieusement ce dernier. Il était en train de manger et on venait l'ennuyer avec de probables images de douche. Cependant que les autres s'agglutinaient autour de lui, il fut tout de même intrigué et décida de rester pour voir de quoi il retournait. Le gars lança la vidéo. On voyait un forêt, puis une voix off nous indiquait qu'ici se trouvait le nid de craquolier le plus dangereux du monde et que cette année, les premières années étaient lâchées à cet endroit. Un zoom nous amenait à l'intérieur de la forêt où on entendait hurlement et autres cris d'agonie. Puis la vidéo zoomait encore sur trois personnages qui couraient le plus vite possible. Il y avait un gars aux cheveux blonds, une fille aux cheveux rouges et...
  • Diaedin ! S'écria brusquement Nabil en saisissant l'écran. 
    Les autres ne lui dirent pas de se taire. Ils savaient tous ce qui s'était passés. Nabil continua de scruter l'écran et l'horreur vint bientôt s'installer sur son visage. Son frère venait poignarder le blond et la fille lui hurlait dessus. Il la trouva très belle, même en ce moment alors que la rage déformait ses traits. Puis la caméra montrait les lianes s'approcher d'eux et les attraper. Nabil regarda son frère se faire tordre par un craquolier puis brusquement tout explosa. Il vit le corps de son frère tomber au sol ainsi que celui du garçon blond. Il ne restait que la fille et elle dégageait quelque chose de monstrueux. Le craquolier tentait de l'attaquer mais ses lianes étaient coupées avec violence sans pouvoir l'atteindre. Et puis la fille visait l'arbre avec ses mains et il était réduit en morceau. Ses yeux rouges brillaient de colère et ce fut à ce moment là qu'elle remarqua la caméra. Elle pointa sa main dessus puis tout fut noir.
    Un grand silence régnait à présent dans la cuisine. Personne ne parlait et personne n'osait bouger. Le spectacle qu'ils venaient de voir était à la fois effrayant et cruel. Elle avait tout réduit en cendre.
  • Qu'est ce qui se passe ici ? S'écria Labruyère qui venait d'entre à son tour.
  • Ce...J'ai trouvé une vidéo sur la fille que vous recherchez...
    Labruyère regarda à son tour. Nabil sentit que l'homme vacillait. Parce que cette fille ne devait pas avoir beaucoup plus que son âge. Quatorze ans tout au plus. 
  • Écoutez, commença Labruyère. J'ai besoin de volontaire. On a localisé cette fille . Elle serait apparemment retournée dans le nid de craquolier. Je souhaiterai la ramener ici.
  • Pas question ! Elle va tous nous tuer ! S'écria quelqu'un.
  • Oui ! On devrait la laisser là-bas ! Si elle n'est pas morte c'est qu'il doit y avoir une raison !
  • C'est une enfant effrayée bande d'imbécile. Je réitère ma question : qui souhaite m'accompagner ? 
    Nabil fut surpris de voir sa main se lever. Il était intrigué. Mais surtout, cette fille avait vu Diaedin, elle avait été avec lui. Peut-être pourrait-elle lui donner de ses nouvelles ! Ça faisait si longtemps qu'il ne l'avait pas revu ! Et peut-être même qu'il serait avec elle si elle s'était enfuie ! Il voulait absolument y aller. Il regarda autour de lui et constata que seul Léo avait levé la main pour les accompagner.
    Ils décollèrent en début d'après-midi. Le nid de craquolier était à une heure de la Dame du ciel, il ne leur faudrait donc pas beaucoup de temps. Labruyère était un vieil etrac, il avait donc un rapport personnel avec la forêt. Ils ne seraient donc pas attaqués par les craquoliers. Labruyère les connaissaient bien et Nabil soupçonnait son capitaine de vouloir les interroger sur le pourquoi du comment cette fille faisait pour survivre parmi eux, ces géants destructeurs.
    Le voyage fut plutôt rapide et Nabil était à la fois excité et effrayé. C'était la première fois qu'il rentrait vraiment dans la Forêt et il était impatient. Cependant, il ne la connaissait pas et malgré que ses pouvoirs d'etrac lui confèrent une certaine sécurité par rapport à Léo, qui était simplement humain, il n'était pas rassuré pour autant. Lorsqu'ils atterrirent, Labruyère les obligea à enfiler un masque filtrant et leur dit qu'à présent, le silence et la discrétion étaient de mise parce que cette fille serait sans aucuns doutes méfiante et sur ses gardes. 
  • Dites monsieur, dit Nabil pendant qu'ils marchaient, vous pensez qu'elle pourrait nous tuer cette fille ?
  • Avec ses capacités physiques acquises au centre de formation c'est possible, mais pas avec ses pouvoirs d'etrac.
  • Qu'est-ce qui vous fait dire ça ?
  • Je pense, souffla le capitaine, qu'elle ne sait pas du tout ce qui lui arrive et qu'elle est un peu déboussolée. Effrayée ça m'étonnerait, parce que dans ces centres, ils sapent vos émotions. Elle ne sait pas ce qu'est la peur. Ni la tristesse, ni la colère. Ni l'amour.
  • Comment ça ?
  • Dis toi bien que cette fille a été enlevée de chez elle et qu'on l'a élevée pour tuer jusqu'à présent. Je ne sais pas qui elle est ni d'où elle vient mais je te conseillerai de prendre garde à ce que tu pourrais faire.
  • Ne prenez pas Nabil pour plus bête qu'il ne l'es déjà capitaine, s'amusa Léo, vous lui feriez bien trop d'honneur !
  • C'est valable pour toi aussi jeune Léo, rétorqua Labruyère, un sourire grinçant aux lèvres qui fit fermer son clapet au moqueur.
  • En tout cas, dit Nabil, je me demande comment elle va réagir lorsqu'elle nous verra.
  • Oh! Je pense qu'elle va tenter de nous occire! S'exclama Léo en riant.
    Ils marchèrent pendant une dizaines de minutes puis finir par arriver au nid. Les arbres ne les attaquèrent pas et les laissèrent pénétrer dans le centre du nid.
    C'était là qu'elle était. Nabil le sentit immédiatement. D'ailleurs, n'importe quel imbécile aurait pu s'en apercevoir parce qu'il y avait un campement en hauteur et des restes de nourritures mangées au sol ainsi que de petits os appartenant avec beaucoup de probabilités à des kriss. Ils décidèrent de se séparer. Nabil suivit ce que lui disaient les arbres – sa communication avec eux était encore sommaire mais il se débrouillait bien – tandis que Léo et le capitaine allaient inspecter le campement de fortune.
    Nabil se retrouva devant un lac. Il n'y avait bien entendu personne mais il se douta qu'elle devait être là, quelque part, à l'observer. Il s'assit tranquillement près de l'eau. Un souffle frôla sa nuque et il se laissa tomber en arrière, se retrouvant nez à nez avec un bébé daenkil. Il était encore petit mais devait bien faire cinquante centimètres de haut. Il semblait apprivoisé parce qu'il ne l'attaqua pas et sa mère aurait déjà le pauvre Nabil si le bébé n'avait pas été seul. Le jeune garçon regarda l'animal et tandis la main vers lui, tout doucement. Le daenkil feula et planta brusquement ses dents dans la main du garçon. Il ne dit rien mais fut surpris. Il avait des gants donc ça ne lui faisait pas mal du tout, cependant, le petit était tout de même un peu apeuré. Nabil tandis son autre main et l'animal plia ses oreilles. Il ferma également les yeux, comme si il sentait sa dernière heure arrive. Le daenkil sembla surpris quand il se rendit compte que Nabil ne faisait que lui caresser la tête. Tout danger écarté, il décida donc que cette humain ressemblait beaucoup à sa maîtresse puisqu'il était si gentil avec lui. Il lui grimpa donc dessus et s'assit en attendant qu'elle revienne. Elle lui avait dit de surveiller alors il allait surveiller.
  • Hem...J'aimerai me relever, chuchota Nabil. S'il te...
    Il cessa brusquement de parler. Un couteau se trouvait sous sa gorge et pas un petit. Il sentit des gouttes s'écouler sur son front. Quel imbécile ! Elle avait dût aller nage ! Et le daenkil qui ne voulait toujours pas bouger ! Impossible de se débattre !
  • Ferme les yeux je ne suis pas habillée, murmura une vois féminine. Si tu bouges, tu meurs.
    Il décida de l'écouter et de se taire. Après tout, ça serait stupide. De mourir comme ça s'entend. Il attendit quelques minutes et quand il sentit de nouveau la morsure de la lame, il devina qu'elle avait terminé.
  • Je peux ouvrir les yeux maintenant ?
  • Je ne sais pas...Pourquoi tu es ici ?
  • On t'as cherché avec mon capitaine...
  • Pourquoi ?
  • Lui je ne sais pas, marmonna Nabil, moi c'est parce que tu étais avec mon petit frère dans cette Forêt alors j'ai voulu partir à ta...
  • Tu es le frère de Diaedin! Le coupa t-elle d'une voix blanche.
  • C'est exact.
  • Loan, descend, ordonna-t-elle.
    Nabil s'assit. Il était encore dos à elle et comme un jeu. Il décida de ferma les yeux jusqu'à ce qu'il soit debout et face à elle. Il se leva lentement, en prenant son temps, en savourant ces dernières minutes d'anonymat. Puis finalement il ouvrit les yeux. L'aspect de la jeune fille le gifla au visage. Ses cheveux étaient rouges. Rouge sang. Et ses yeux aussi d'ailleurs. Sa peau était légèrement bronzée par le soleil. Elle portait une combinaison noire à même la peau et il ne se risqua pas à détailler le reste de son anatomie. Ce qui le fascinait pour le moment c'était ses yeux. Ils brillaient. De quelque chose que Nabil n'aurait jamais pu définir.
  • Alors euh...est ce que Diaedin est-ici ?
  • Il est ici, confirma-t-elle. Il est...là.
    Nabil fut un peu étonné. Il n'avait vu personne. Et la voix de la jeune fille semblait s'être brisée sur la fin. Lui qui pensait qu'elle ne ressentait rien. Il tourna la tête et il comprit ce qu'elle voulait dire. C'était une tombe, avec le nom de son frère dessus. Il détourna le regard et baissa la tête. Les larmes lui picotaient les yeux. Mais il ne pleura pas. Pas devant elle, pas comme ça. Pas maintenant.
  • Qu'est-ce que vous me voulez ? Demanda la jeune fille.
  • On voudrait te ramener avec nous. On est des pirates.
  • Des pirates ? Et pourquoi je devrais faire ça ?
  • Parce que nous pouvons t'offrir un foyer et une vengeance, dit Labruyère en émergeant des arbres. Et surtout, nous pouvons t'aider à retrouver ta mère. Mais c'est aussi toi qui peut nous aider j'ai l'impression.
  • Comment ça ?
  • Ce que tu portes là, c'est un bracelet-émetteur, dit-il en désignant son poignet. Ça veut dire qu'on te l'a confié pour une raison très précise vu ton âge et qu'on ne te l'a pas retiré parce que quelqu'un qui n'a pas d'énergie solaire dans le corps ne peut pas y toucher, le faire fonctionner ou l'enlever.
  • Comment savez vous que ma mère a disparue?
  • Parce que je connaissais ton père.
  • Mais...Je ne vous ai jamais vu moi.
  • C'est normal. Tu n'allais pas chez le fleuriste avec lui n'est-ce pas ?
  • Oh ! Le fleuriste ! C'était vous !
  • C'est exact.
  • Écoutez je... j'ai ce truc là...ces espèces de dons. Je vais vous faire du mal il vaudrait mieux que...que je reste là et ça serait mieux pour tout le monde je pense...
  • Mais nous en avons aussi, intervint brusquement Nabil qui nous voulait pas rester en dehors de la conversation. Moi je suis comme Diaedin et le capitaine aussi !
  • Etr...ac ?
  • C'est ça ! Acquiesça le garçon en s'approchant d'elle.
  • Je ne sais pas les maîtriser écoutez...
  • Nous avons vu de quoi tu es capable, nous pouvons t'apprendre à le maîtriser, avança Labruyère. Si jamais nous n'y arrivons pas et que tu veux repartir dans la forêt, je te promet de t'y raccompagner en personne.
  • Et mon daenkil ?
  • Il peut venir si il veut.
  • Bon eh bien...c'est d'accord.
    Nabil lui tendit la main. Il ne voulait pas qu'elle s'effraye mais surtout il voulait montrer qu'on pouvait compter sur eux. Qu'elle pouvait avoir confiance. Elle fixa sa main quelque instants et leva un regard interrogateur.
  • Prend ma main, l'encouragea-t-il.
    Elle regarda les doigts tendus vers elle encore quelques minutes puis elle les saisis. Nabil était heureux. La petite main de cette fille étaient chauds et d'ailleurs, elle même était toute rouge en ce moment même. Rouge des pieds à la tête. Il la trouva mignonne et amusante puis se dit qu'elle ferait un bon compagnon d'arme. Il se mit à avancer en la tenant par la main, le daenkil les suivant et Labruyère et Léo devant.
    Assis dans l'eyon, Nabil n'avait toujours pas lâché sa main. Il se tapa brusquement sur le front et se tourna vers elle.
  • Mais au fait, moi c'est Nabil ! Et toi ? Comment tu t'appelles ?
  • Je m'appelle Nella.

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