vendredi 3 mai 2013

Chapitre 3

 


          La seconde année de formation se passa beaucoup mieux que la première aux yeux de Nella. Ils ne furent plus que trois et eurent donc le droit à des chambres individuelles – Nella ne supportait pas les hurlements des autres en pleine nuit. Ce fut extrêmement reposant, même si elle même était souvent la proie de terreurs nocturnes intenses, longues et douloureuses. Elle se réveillait la plupart du temps en sueur, brûlante et éclatait en sanglots. Ensuite elle se recouchait et le lendemain elle avait généralement tout oublié. Iarek avait également changé après l'examen de passage. Lui qui auparavant se vantait et paradait pour étaler sa réussite était devenu beaucoup plus modeste. Il n'était maintenant expansif qu'avec Nella et il s'arrangeait également pour écarter les gêneurs qui venaient régulièrement la voir. En effet, l'examen de passage avait fait beaucoup de bruit. Elle était revenue en portant Iarek sur ses épaules et couverte de sang. Personne n'avait compris ce qui s'était passé. Violetta, qui avait réussi à rentrer malgré tout, avait été très mécontente et Nella en avait fait les frais les jours suivants. Mais la jeune fille n'y avait pas fait attention. Depuis la mort de son ami, elle vivait dans un unique but : sortir d'ici. Elle voulait partir, retrouver sa mère et comprendre ce qui s'était passé dans la forêt. Elle avait eu de nombreux flashs après. Des flashs de l'attaque. Mais à chaque fois, elle se sentait partir et enveloppée par une lumière douce et rassurante. Ensuite, ne lui restait que la sensation infâme du sang de craquolier sur ses vêtements et son visage. Elle voulait oublier tout ça. Sauf que les autres élèves ne l'entendaient pas de cette oreille et la plupart venaient la voir pour savoir. Comment avait-elle fait pour survivre alors qu'ils étaient tombé en plein milieu du nid de craquolier et non aux frontières comme d'habitude ? Pourquoi ne disait-elle rien ? Était-ce elle qui avait tué Diaedin ? Celui qui avait dit ça s'était retrouvé à l'infirmerie la minute suivante. Il y eu aussi de nombreuses insultes – beaucoup d'élèves la rendait responsable de la mort de garçon – et de reproches. Cependant, même si la plupart de leurs questions n'avaient pas de sens, Nella était intriguée par la plus fréquente. Après tout c'était vrai ça. Pourquoi avaient-ils été lâchés à cet endroit là, alors que les formateurs savaient pertinemment que c'était du suicide d'y envoyer des premières années ? Si son équipe avait survécu à l'arrivée, c'était à cause du pouvoir de Diaedin. Quand il était mort, c'était parce que...Eh bien parce que les craquoliers avaient peur d'elle. Ça n'était plus du respect ou de l'amitié comme ils avaient pu en témoigner au jeune etrac, c'était de la crainte et elle avait sentit la peur suinter de leurs branchages en rentrant au centre. Elle n'avait absolument pas comprit leur comportement et ça avait été très perturbent de les voir s'écarter sur son passage. Ils n'avaient pas non plus été attaqués par des daenkils ou des kriss d'ailleurs.
Mais Nella ne voulait plus penser à tout cela alors elle cessa de répondre la même réponse à ceux qui venaient la voir et le nombre de ses spectateurs fini par diminuer et se tarir. Ce qui la soulageait plus qu'autre chose. La seconde année de formation était plus «douce» mais elle était également plus intense. Les cours devenaient de plus en plus difficiles et même si elle n'avait pas de mal à tenir la route, elle était obligée d'aider Iarek si elle ne voulait pas le perdre lui aussi. Paradoxalement à cela, si l'enseignement était plus stricte, la discipline, elle, se relâchait. En seconde année on avait de nouveau le droit de se laisser pousser les cheveux, on avait un nouvel uniforme – celui des premières années était blanc, celui des deuxième années était noir – et on avait également de nouveaux privilèges comme par exemple une meilleure nourriture à la cantine. Nella se rappelait l'espèce de soupe infâme à laquelle ils avaient eu droit en arrivant au centre de formation. Maintenant, ils avaient droit à de la nourriture consistante : de la viande, des légumes, des féculents. Ils avaient également le droit à une nouvelle arme, la seule qu'on leur ai donné jusqu'à maintenant étant le couteau de chasse. A l'entrée en deuxième année, ils avaient eu droit à tout un équipement militaire constitué d'un beretta, d'un sniper, d'un fusil de chasse ainsi que de plusieurs grenades explosives, éblouissantes ou empoisonnées. On leur donnait également un nouveau masque filtrant de meilleure qualité, des vêtements de protection solaire plus efficaces et des chaussures qui n'étaient pas fichues au bout d'une semaine passée en excursion.
Nella faisait la fierté des formateurs. Elle fut prédestinée à être la major du centre de formation et on hésita à la faire passer directement en troisième année. Mais à la demande de la jeune fille, on la laissa rester avec son ami Iarek. Nella ne se faisait pas d'illusions. Si elle passait en troisième année, elle ne pourrait plus le voir mais surtout elle laisserait une ouverture non négligeable à Violetta. Depuis que Nella avait essayé de la tuer dans les douches pour venger Diaedin, l'autre attentait à la vie de Iarek.
Nella passait de longues heures à écrire ou à s'entraîner. Lorsque les rayons U.V étaient trop puissants, elle restait dans sa chambre et elle écrivait dans un petit cahier. Elle avait des rêves, des envies et des désirs dont elle ne pouvait parler avec personne. Iarek n'avait quasiment plus d'hormones, il ne ressentait donc pas les pulsions sexuelles qu'elle pouvait ressentir. A quatorze ans, Nella avait du mal avec ça. Normalement, en début de seconde année, les filles changeaient et présentaient des comportements sexués. On les opéraient donc de nouveau. Mais c'était cette fois beaucoup plus long. Si en premier lieu on avait seulement stérilisé les jeunes filles au laser, il fallait leur éviter tout plaisir sexuel ou tout désir pour le sexe opposé. On les excisait donc pour éviter ce genre de désagrément. Elles n'avaient pas mal et n'ayant jamais connu l'amour ni les stimulations sexuelles, cela ne changeait pas grand chose à leur vie. Les garçons ne créant plus de testostérone, la castration n'était pas systématique pour que le désir soit supprimé.
Par chance, Nella prenait énormément sur elle pour ne pas laisser penser aux formateurs qu'il fallait également l'exciser. C'était une chose qu'elle voulait connaître et elle voulait protéger sa sexualité le plus possible. L'excision n'était pas systématique chez les filles parce qu'il arrivait – rarement – que certaines ne ressentent rien après la stérilisation. Nella fit semblant d'en faire partie. Parfois c'était vraiment très dur. Elle sentit cette envie monter entre ses jambes, caresser l'intérieur de ses cuisses et pénétrer en elle. Mais elle ne se touchait pas, se relaxait, pensait à autre chose. Les chambres étaient équipées de caméras et si on la surprenait, elle était bonne pour la table d'opération. Il n'en était absolument pas question. Les filles excisées se transformaient ensuite en machines sans sentiments et elles ressemblaient à des poupées. Nella avait même entendu dire que certaines se faisait également opérer pour qu'on leur retire l'aréole et le mamelon de leurs seins. Ça l'avait proprement dégoûtée. Violetta avait apparemment cette idée là aussi parce que la fois où Nella l'avait vue dans les douches, ses seins étaient...lisses. Et son vagin également. C'était effrayant. Nella avait discuté de ça avec une fille plus âgé qui avait subit l'opération, mais celle-ci était tellement endoctrinée qu'elle avait trouvé ça génial.
  • Mais tu devrais le faire toi aussi Nella ! S'était-elle amusée. C'est si bon !
  • Bon ?
  • Oui ! Tu n'es plus femme ou homme ! Tu n'as pas de sexe, tu es parfaite !
  • Je ne comprends pas très bien...
  • Les humains normaux ont leurs capacités réduites par le désir sexuel, les ébats, la reproduction, la copulation et le pire : les sentiments ! L'Ordre rouge nous a permis de nous émanciper de ces choses inutiles ! Nous sommes libres !
  • Tu trouves ?
  • Bien sûr ! Et c'est pour cela que nous sommes des gardiens rouges Nella, parce que nous sommes supérieurs aux autres humains. Nous ne sommes pas ennuyés par des préoccupations inutiles et nous savons la vrai valeur des choses. Nous ne nous embarrassons pas d'amour ou d'amitié et nous allons donc droit au but.
    Cela avait réellement effrayé Nella.
    Parfois dans les douches, lorsqu'elle était seule, elle se mettait face au miroir et regardait son corps. Elle était désormais formée comme une femme. Du moins, elle commençait. Ses seins avaient poussés et prenaient une jolie forme arrondie, ses hanches s'affinaient et ses fesses devenaient rebondies à cause du sport. D'ailleurs, son corps était taillé pour l'attaque et la course. Elle était finement musclée et en était plutôt fière. Elle semblait frêle en apparence et cela la faisait rire de penser qu'elle était sans doute plus puissante qu'eux tous.
    Un jour qu'elle était seul, Iarek s'assit à côté d'elle sur sont lit. Elle regardait le mur d'en face en réfléchissant et il la sortit de ses pensées. Elle le regarda. Iarek était gentil et il était beau mais il n'était pas malin. Il n'était pas non plus très dangereux et ses notes étaient vraiment mauvaises. Elle soupira. Si ça continuait comme ça, il allait mourir avant qu'on les envoient travailler réellement. Elle tourna la tête vers lui et haussa un sourcil en le trouvant bien sérieux pour une fois. Il lui demanda si ils pouvaient se cacher sous la couette et elle accepta. Ça avait l'air de le rassurer de faire ça. Ils restaient allongés face à face sous la couverture. Nella était sûr qu'il se sentait mieux parce qu'ils ne pouvaient plus être épiés de cette manière. Et comme personne ne leur avait jamais rien dit, ils avaient continués jusqu'à présent. Ils se regardaient dans les yeux, malheureux, ennuyés ou tout simplement absents.
    Toutes les pensées de Nella étaient dirigées vers Diaedin. Elle se rappelait souvent leurs longues conversations. Il lui parlait de sa famille qui était dans le sud et qui vivait dans les oasis. Toute sa famille était etrac de niveau zéro. Il lui avait parlé de son père qui était un érudit qui connaissait par cœur la littérature de l'ancien temps et qui aimait allait fouiller dans les ruines des villes englouties pour récupérer les vieux ouvrages oubliés. Il en avait une collection fantastique qu'il cachait sur un prétendu bateau volant appartenant à un de ses amis. Nella avait eu du mal à le croire. Un bateau volant ça n'existait pas. Mais elle ne lui en avait jamais fait la remarque. Parce qu'il racontait bien. Il lui avait parlé de sa grande sœur, Nour, qui était une excellente guérisseuse contrairement à lui. Elle savait soigner sans laisser de grosses cicatrices et elle savait où passer pour éviter la douleur au soigné. Il l'admirait beaucoup. Il avait également un grand frère d'un an son aîné. Il avait le même âge que Nella et apparemment il l'aimait également beaucoup. En fait, la plupart du temps, il lui parlait de lui. Peut-être parce que Nabil était le seul autre survivant de leur famille. Diaedin avait perdu la trace de son frère un peu avant que le centre de formation l'attrape. Ils étaient au marché – en train de voler – et il avait été attrapé par un gardien rouge en train de prendre une pomme sur un étalage. Nabil l'avait regardé dans les yeux et ils avaient tous les deux su ce qui allait arriver. Diaedin avait alors vu son grand frère s'enfuir et lui avait été emmené ici.
    D'après Diaedin, si Nella rencontrait un jour son frère, ça ferait des étincelles. Ils n'avaient absolument pas le même caractère et à coup sûr, ils se disputeraient comme des chiffonniers. Il avait cependant dit, sur un ton un peu trop mielleux, qu'il lui plairait probablement et ça n'avait pas vraiment plus à la jeune fille qui avait éludé. Elle ne voulait pas s'occuper de ça. Ça ne l'intéressait pas du tout de savoir si ce type était bien. Mais bizarrement, après la mort de Diaedin, elle avait repensé à son grand frère et souvent, la nuit, elle pensait à lui, à ce qu'ils auraient pu se dire, à ce qu'ils auraient pu construire. Elle s'imaginait qu'ils devenaient amis et qu'ils vengeaient tous les deux Diaedin en s'attaquant à l'Ordre rouge. Bien sûr, après ça, elle se sentait mal et s'endormait. Cependant, elle avait développé une sorte de curiosité pour ce frère qu'elle n'avait jamais vu.
    Iarek la sortit de ses pensées. Il s'était trop rapproché d'elle et ça ne lui plaisait pas. Elle rabattit brusquement la couette sur le lit et se releva. Il la suivit et la saisit par les épaules.
  • Tu ne veux pas que je t'embrasse ?
  • Non.
  • Pourquoi ?
  • Parce que je ne ressens rien pour toi Iarek.
  • Sérieusement ?
  • Je n'aime personne, soupira-t-elle en rangeant le linge qu'on lui déposait chaque mercredi matin devant la porte.
  • Ah bon ? Et c'est qui ce Nabil alors ?
  • Qui t'as parlé de ça ? Cracha-t-elle.
  • Il existe donc ? Et c'est toi il y a trois secondes. Tu as dit son prénom.
  • C'est le frère de Diaedin ! S'exclama-t-elle outrée. Il m'a traversé l'esprit parce que notre ami est mort en te sauvant la vie je te le rappelle !
  • Tu m'en voudras donc toujours ?
  • Je ne t'en veux pas, balaya-t-elle. Ne soit pas ridicule.
  • Mais si ! Chaque fois que nous parlons de Diaedin, tu me rappelles à quel point il a agit en héros et à quel point j'ai eu de la chance qu'il soit là ! S'emporta-t-il. Tu ne parles que de lui !
  • Oui, parce qu'il me manque ! C'est un crime peut-être ?
  • Non mais...
  • Si ! Coupa-t-elle. Si justement s'en est un pour tous les gens qui nous entourent ici ! Pour tous les autres avoir des sentiments est inutile !
  • Chut voyons, chuchota-t-il, on pourrait t-entendre.
  • Je m'en fiche, grogna-t-elle en rasseyant, son volume sonore ayant tout de même baissé.
    Nella fixa le bracelet-émetteur toujours accrochée à son poignet. Depuis la mort de Diaedin il n'avait plus jamais émit de signal. Pourtant elle en était persuadée, il renfermait quelque chose. Elle finirait bien par découvrir quoi de toute façon.
  • Nella Solein. Veuillez nous suivre.
    Nella leva la tête vers le formateur et haussa un sourcil. Qu'est-ce qu'il avait celui-là ? On ne lui avait jamais demandé d'interrompre un de ses cours. Et c'était en général mauvais signe quand un formateur venait vous chercher. Elle le suivit néanmoins sans dire un mot. Iarek lui jeta un regard inquiet en la voyant disparaître dans le couloir mais elle ne le vit pas. Les couloirs étaient la plupart des temps d'une blancheur immaculé. Celui qu'ils empruntaient en ce moment était rouge sang et c'était plutôt inquiétant. Nella décida de ne pas y faire attention malgré tout. Ça n'était pas parce qu'elle allait voir un haut formateur que ça se passerait forcément mal n'est-ce pas ?
    On la fit pénétrer dans un grand bureau aux couleurs épurées au milieu duquel trônait une table en fer entourée de chaises. Il n'y avait rien d'autre dans la pièce, si bien que Nella eu l'impression que celle-ci se refermait sur elle. C'était extrêmement inquiétant. On lui demanda de s'asseoir et elle resta une bonne quinzaine de minutes toute seule, à se demander à quelle sauce elle serait mangée exactement. Pas qu'elle eu peur de quoi que ce soit, non, mais c'était juste que si il fallait mourir, elle aurait préféré que ce ne soit pas ici et maintenant. Surtout dans un endroit où on vous privait de tout. Ou presque.
    Un homme entra finalement dans la pièce. Il avait les cheveux très courts, noirs et ses yeux étaient plissés comme ceux d'une fouine. Elle ne lui fit pas confiance dès le premier instant où il fut proche d'elle. Il commença par s'asseoir sur la chaise opposée à la sienne puis la jaugea pendant un temps qui parut à la jeune femme interminable. Soit il levait le menton, soit il la regardait par en dessus, psalmodiant des «bien, bien» ou des «intéressant» toutes les dix secondes. Il fini par prendre la parole et sa voix traînante semblable à des sifflements faisait froid dans le dos.
  • On m'a rapporté que tu es un excellent élément Nella.
  • C'est exact monsieur.
  • Bien, bien. Et comment te sens tu ici ? Tu y es à ton aise ? Confortable ? En sécurité ?
    Je m'y sens bien monsieur. Je m'y sens même très bien.
  • Bien, bien. Tes formateurs me disent que tu manies les armes mieux que personne ici et que tu serais la meilleure de l'académie. Penses tu que ce n'est pas un peu arrogant de dire ça ?
  • Je ne sais pas monsieur. Je pense simplement qu'on me juge plus forte que je ne le suis.
  • Tu insinues que les formateurs sont des menteurs ?
  • Non pas du tout monsieur. Je pense simplement que je ne suis pas si forte que ça. Je me sous-estime la plupart du temps.
  • Je vois, ce serait donc une erreur de ta part.
  • C'est cela monsieur.
  • Bien, bien. Je viendrais donc directement au fait. Que s'est-il passé à l'examen de passage ?
  • Comment cela monsieur ?
  • Ne me prend pas pour un imbécile Nella. Nous avons des caméras qui vous suivent dans la forêt tu sais.
    Nella avala sa salive. Elle ne comprenait pas et ses oreilles se mirent à bourdonner. Comment avait-ils pu ? Et surtout pourquoi lui parler de ça maintenant ? Elle n'avait pas prévu ça. Elle resta donc silencieuse en attendant que l'autre se remette à parler.
  • Tu sais Nella, je ne veux pas te faire peur. Je veux juste que tu m'expliques.
  • Je ne sais pas, lâcha-t-elle sincèrement.
  • Je remarque que tu ne me mens pas mais je ne comprends pas comment cela est possible...Si tu n'as pas fait ça, comment cela fait-il que nous t'avons vu le faire ?
  • Je...Je sais que je l'ai fait monsieur, balbutia-t-elle. Je ne peux juste pas l'expliquer.
  • Sais-tu, au final, ce qui s'est vraiment passé Nella ? Siffla-t-il d'une voix mielleuse.
  • Non.
    L'homme n'en dit pas plus et il se tourna dos à elle. Elle le vit appuyer sur un bouton et un écran sortit de nul part s'alluma. C'était une vidéo de l'examen de passage. L'homme mit en avance rapide et elle revit, avec dégoût, le massacre de ses anciens camarades de classe. Finalement l'homme appuya sur un autre bouton et le film continua normalement. La caméra suivait trois personnes. Nella reconnut sa tête rasée rousse, la peau caramel de Diaedin et les cheveux blonds de Iarek. Ils couraient, le plus vite possible, afin de sauver leur vie. Nella lut sur son propre visage la terreur et la panique mais elle ne dit rien. Diaedin poignarda finalement Iarek dans le dos et c'est avec un pincement au cœur que Nella dut revoir leur dernière confrontation. Ses hurlements étaient hystériques et si elle ne s'en était pas rendue compte sur le moment, à présent, elle se dit qu'elle était folle. Diaedin l'implorait de l'écouter mais trop effrayée et perdue, elle n'avait pas fait attention. Il semblait réellement effrayé lui aussi. La caméra filmait ensuite le craquolier, qu'eux n'avaient pas vu, qui mettait ses lianes en mouvement pour les attraper. Nella sentit le goût du vomi lui remonter dans la gorge en voyant les lianes s'enrouler autour d'elle et ses amis. Elle ferma les yeux quelques instants parce qu'elle ne voulait pas revoir ça une seconde fois. Elle rouvrit brusquement les yeux en entendant un hurlement. Ça n'était pas humain. Elle ne savait pas ce que c'était. Quelque chose tuait le craquolier. Ce quelque chose, c'était elle.
    Elle se vit, le corps bien droit, s'élever dans les airs. Elle ne bougeait pas mais quelque chose semblait découper les lianes qui essayaient de l'attaquer. Elle fini par ouvrir sa main et il en sortit une énorme boule de lumière qui vint s'écraser contre le tronc de l'arbre. Quelques secondes plus tard, il explosait. Elle tombait au sol. Une minutes passait sans que personne ne bouge puis elle se réveillait couverte de sang vert.
    L'homme arrêta le film et se retourna vers elle. Nella était tétanisée.
  • Alors ?
  • Je...Je ne comprends pas. Ce n'est pas moi. Ce n'est pas possible...
  • Et pourtant si ! C'est ta signature génétique et nous avons retrouvé des cellules t'appartenant dans le sang vert. D'ailleurs en analysant ton sang – oui c'était pour ça la prise de sang de la semaine dernière – nous avons remarqué des similitudes entre le sang de cet arbre et le tiens.
  • Mais c'est impossible !
  • Je suis humaine !
  • Non tu es une etrac.
  • C'est impossible et quand bien même. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs.
  • Tu oses remettre mon autorité en question ! Hurla le haut formateur.
  • Non, pas du tout, murmura-t-elle d'une voix mal assurée.
  • Écoute c'est bien simple. Ta race en elle même est un péché est d'habitude on vous tue les tiens et toi. Diaedin n'est pas mort parce qu'avec son pouvoir de la guérison, nous alimentions nos recherches pharmaceutiques.
  • Que...
  • Oh il ne te l'as pas dit ?
  • Qu'est-ce qu'il aurait dût me dire ?
  • Que nous menions des expériences sur lui. Que ses absences, c'était pour que nous testions des produits sur lui, sur sa résistance et que nous puissions tester nos médicaments sans risque.
  • Vous êtes un monstre.
  • Je ne dirai pas ça à ta place. Tu vas y passer aussi.
  • Non ! Pas ça !
  • Oh si ma jolie. Nous allons te sucer ton pouvoir jusqu'à la moelle et quand tu seras vide, on te jettera comme le pauvre insecte inutile que tu es !
    Nella se leva, elle tenta de s'enfuir mais cinq formateurs entrèrent brusquement dans la pièce. Elle hurla, se débattit puis rien à faire. Elle regarda le haut formateur s'approcher d'elle. Elle hurla de nouveau. Puis tout fut noir.

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